mardi 2 octobre 2012

Initiation à la grammaire tem. Chapitre 3 : Le nom. Leçon 10 : Quand le pronom démasque un faux syntagme de coordination

On entend par syntagme de coordination une structure qui associe des entités linguistique de même rang, c’est-à-dire de même catégorie grammaticale et de même fonction syntaxique. Si une des entités est un nom (N) par exemple, l’autre doit être un nom, elle aussi (N+N). Si l’un des N assume la fonction de sujet (S), l’autre doit être de fonction sujet, lui aussi (NS+NS). Si, à la place de la fonction sujet, c’est la fonction objet qu’assume l’un des N, l’autre doit être de fonction objet, lui aussi (NO+NO). Le plus souvent le syntagme est à deux termes (<NS+NS> ou <NO+NO>) mais il n’est pas exclu qu’il en ait plus, trois par exemples (<NS+NS+NS> ou <NO+NO+NO>). Quel que soit le nombre de ses termes un syntagme est soumis aux mêmes lois syntaxiques qu’un nom simple. Notamment il peut être pronominalisé. Dans une langue à genres, les termes du syntagme nominal peuvent appartenir à des genres différents. La forme du pronom étant spécifique à chaque genre, quelle serait la forme du pronom qui reprend un syntagme dont les termes appartiennent à des genres différents ? Le tem est une langue à genres. En cas de pronominalisation, quelle forme prendra le substitut du syntagme dont les termes appartiennent à des genres différents ?

1. Résolution préalable d’une bizarrerie

Dans le syntagme le symbole ‘+’ entre les termes représente le coordonnant, disons le relateur (Rel). Il correspond au ‘et’ du français et au ‘and’ de l’anglais. En tem il est formulé par na. Quand le syntagme <N na N> est face à un verbe en tant que sujet, quand il est donc <NS+NS> il n’a pas de contact direct avec lui ; il est intercédé par un pronom. Si <NS+NS› est strictement équivalent à <NS> pourquoi le syntagme est-il repris par un pronom alors que le nom simple ne l’est pas ? Répondre à cette question aidera probablement à mieux résoudre le problème de la pronominalisation du syntagme. La question sera traitée en questionnant deux identités : l’identité du pronom intercesseur et celle du syntagme lui-même.

1.1. L’identité du pronom intercesseur

Soit le syntagme <bú na ɩgbám> ‘l’enfant et le chasseur’ et le verbe ‘se taire’ à l’accompli <ɩzúɁ>. En faisant du syntagme le sujet du verbe, on s’attend à la formulation *bú na ɩgbám ɩzu. Au lieu de cette formule on a bú na ɩgbám boozú ‘l’enfant et le chasseur se sont tus’ dont l’analyse fait ressortir la composante syntagme sujet (<NS na NS>), la composante verbe (V) et la composante pronom intercesseur (Pr) :

(1) bú na ɩgbám boozú (bú na ɩgbám ba-ɩ-sú)
<búnaɩgbám>ba-ɩ-sú
|||||
<NSRelNS>PrV

Le tableau montre bien un pronom ba entre le verbe et le syntagme. Une telle formulation n’est connue dans la langue qu’avec l’opération de la topicalisation. Mais quand il s’agit d’une telle opération énonciative, il y a une pause entre <NS> et le pronom ; la pause manifeste l’expulsion du nom sujet topicalisé hors de la relation prédicative ; l’expulsion laisse une place vide de sujet qu’occupe alors le pronom. Le syntagme, lui aussi peut faire l’objet de la topicalisation. Quand c’est le cas, l’expulsion du syntagme de la relation prédicative crée une pause. Ainsi, l’énoncé bú na ɩgbám, boozú où <bú na ɩgbám> est topicalisé, a le sens de ‘quant à l’enfant et au chasseur, ils se sont tus’ ; cette traduction, on ne voit bien, est différente de ‘l’enfant et le chasseur se sont tus’ de l’énoncé précédent où le même syntagme n’est pas topicalisé.

Il est vrai que dans le même contexte verbal, on verrait apparaître avec le nom simple <NS> un pronom intercesseur. Celui du syntagme serait-il donc dans la norme attendue ? Pour le savoir il convient d’approfondir notre connaissance sur le rôle de l’intercesseur de <NS>. En substituant <bú na ɩgbám> par <bú> on obtient l’énoncé bú woozu ‘l’enfant dont l’analyse fait apparaître effectivement trois composantes dont un pronom intercesseur, wa :

(2) bú woozú (bú wa-ɩ-sú)
búwa-ɩ-sú
|||
NSPrV

A vrai dire, ce n’est pas toujours qu’il y a un pronom devant le verbe en présence du nom sujet. Dans l’énoncé bú sumáaɁ ‘l’enfant est silencieux’ le radical verbal sum est suivi d’un marqueur verbal, Ha, qui a valeur d’aspect statif (Stat). Entre le nom sujet bú et le verbe, il n’y a pas de pronom.

(3) bú sumáaɁ (bú sum-HaɁ)
búsum-HaɁ
||
NSV

L’absence du pronom est peut-être liée à la non-préfixation du marqueur verbal. Pour en avoir le cœur net, faisons appel au marqueur de négation, ta … Ɂ, qui est un circonfixe ; en effet prend le verbe en sandwich, faisant du segment ta le premier préfixe du verbe. Dans l’énoncé bú to súɁ ‘l’enfant ne s’est pas tu’ le radical verbal su est préfixé par le marqueur de l’accompli ɩ H que le négatif ta oblige à se réduire à H et le segment ta de la négation ; il est clos à droite par le coup de glotte Ɂ, dernière manifestation de la négation.

(4) bú to súɁ (bú ta-súɁ)
búta súɁ
||
NSV

Entre le nom sujet et le verbe, malgré la préfixation de deux marqueurs verbaux, il n’y a pas d’intercession pronominale. On remarque une différence entre le premier marqueur verbal, ɩ H en présence duquel s’est manifesté le pronom et le second, ta … Ɂ en présence duquel il est absent : le premier a un segment vocalique tandis que le second a un segment à initiale consonantique. N’est-ce pas l’initiale vocalique du premier qui aurait occasionné l’apparition du pronom intercesseur ? Vérifions l’hypothèse avec un autre marqueur verbal à initiale ou à segment vocalique, Hn de l’inaccompli (Inac). En tem, une nasale sans support vocalique est traitée comme un noyau syllabique, donc comme une voyelle. Observons l’énoncé bú wô̰zúm ‘l’enfant va se taire’ :

(5) bú wô̰zúm (bú wa-nzúm)
búwa-nzúm
|||
NSPrV

Avec un marqueur verbal préfixé à segment vocalique le pronom réapparaît. Il ne s’agit donc pas de pronom à proprement parler, c’est-à-dire un pronom qui reprend le nom mais un outil sans valeur morphosyntaxique servant simplement de support à un marqueur verbal préfixé à segment vocalique. C’est pourquoi il est invariable. Certes, la forme ʋ est celle du pronom représentant le genre humain et, dans les exemples ci-dessus, le nom supposé repris est aussi du genre humain. Mais si le nom bú prend la forme de pluriel, bíya, qui exige la forme ba au pronom, le pronom-support demeure wa comme le montre l’énoncé bíya wô̰zúm ‘les enfants vont se taire’ :

(6) bíya wô̰zúm (bi-ba wa-nzúm)
bi-bawa-nzúm
 || 
 PlG1G1 

Le support demeure wa après un nom d’un genre autre qu’humain. En effet dans l’énoncé fôɔ woozu ‘le chien s’est tu’, le nom fôɔ ‘chien’ devrait être repris par un pronom de forme ka ; à la place de cette forme c’est wa qu’on a :

(7) fôɔ wô̰zúm (fa-ka wa-nzúm)
fa-kawa-nzúm
 || 
 G3G1 

Une règle s’impose. En voici la formulation : Si un nom sujet est suivi d’un verbe, les deux constituants syntaxiques sont séparés par une pause et l’initiale du verbe doit être consonantique. Si, par préfixation d’un marqueur verbal le verbal venait à avoir une initiale vocalique celle-ci doit être soutenue par un support à initiale consonantique. Ce support peut être un autre marqueur précédant le premier à initiale vocalique. En l’absence d’une telle solution, il est fait appel à un outil qui prend la forme du pronom sujet à cause de sa soudure morphologique au verbe. Cette forme est invariablement wa.

Pour revenir au pronom ba qui intervient concomitamment au syntagme de coordination, on observe les faits suivants :

Les membres coordonnés d’un syntagme ne peuvent qu’imputer une forme de pluriel au pronom qui les représente. Dans l’énoncé (1) ci-dessus (bú na ɩgbám boozu) le pronom ba est effectivement une forme de pluriel du pronom tem. Cette forme de pluriel correspond au marqueur du genre humain dont une des formes est wa.

(1) bú na ɩgbám boozu (bú na ɩgbám ba- ɩ-su)
<bú   na   ɩgbám>   ba-   ɩ-su
|       |   |    
<G1       G1>   PlG1    

En outre l’exemple (8) bú na fôɔ boozu ‘l’enfant et le chien se sont tus’ où bú est du genre humain (G1) et fôɔ du genre menu (G3) montre que même si l’un des membres d’un syntagme n’est pas du genre humain, le pronom reste du genre humain :

(8) bú na fôɔ boozu (bú na fôɔ ba- ɩ-su)
<bú na fôɔ> ba-  ɩ-su
|   |<|  
<G1    G3>  PlG1  

Mieux encore, l’exemple (9) fôɔ na fééni boozú ‘le chien et les moutons se sont tus’ où aucun des membres du syntagme n’appartient au genre humain montre que ba, tout comme wa, n’est pas sensible au genre des termes du syntagme.

(9) fôɔ na fééni boozu (fôɔ na fééni ba- ɩ-su)
<fôɔ na fééni> ba-  ɩ-su
|   | |  
<G3    PlG4>  PlG1  

Au regard de ces faits, on pourrait se demander si ba n’est pas la réplique de wadans le contexte du syntagme. Mais d’autres considération et fait invalident l’interrogation.

Il y a d’abord le principe selon lequel un pluriel en vaut un autre : un pluriel imputé à l’addition de deux noms représentant des êtres différents est le même qu’un pluriel imputé à un nom représentant au moins deux êtres identiques. Si, au pluriel de bíya (pluriel de bú, exemple (6)) le pronom n’a pas répondu par une forme pluriel, il n’y a pas de raison qu’il réponde quand il s’agit de deux noms différents des syntagmes bú na ɩgbám de l’exemple (1) et bú na fôɔ de l’exemple (8).

Il y a ensuite les énoncés bú na ɩgbám bozumáaɁ ‘l’enfant et le chasseur sont silencieux’

(10) bú na ɩgbám bozumáaɁ (bú na ɩgbám ba- sum-HaɁ)
<bú na ɩgbám> ba-  sum-HaɁ
      |  
      Pr  

et bú na ɩgbám bodosúɁ ‘l’enfant et le chasseur ne se sont pas tus’

(11) bú na ɩgbám bodo súɁ (bú na ɩgbám ba- ta-H-suɁ)
<bú na ɩgbám> ba- ta-H-suɁ
      |  
      Pr  

ba est présent bien que le verbe n’ait pas de début vocalique à supporter. Le pronom ba est donc bien généré par le syntagme. S’il ne s’adapte pas au genre des termes du syntagme même quand ceux-ci sont du même genre, c’est que ce ne sont pas les termes qu’il représente qui sont pronominalisés. Son invariabilité est due à autre chose qu’à une simple addition de noms. Cela suppose que le syntagme en question ici n’est pas un syntagme de coordination. Qu’est-ce alors ?

1.2. Identification du syntagme par le test de la pronominalisation des termes

Le tem a l’avantage de donner des formes différentes à son pronom en fonction de ses rôles syntaxiques. Si donc un pronom en fonction sujet se reconnaît par sa forme, en pronominalisant les termes du syntagme on saura si chacun des termes est effectivement en fonction sujet. Le tem a également l’avantage de pronominaliser concomitamment les deux termes du syntagme même si ceux-ci appartiennent au même genre. Ce n’est certainement pas une particularité attachée à la langue à genres qu’il est mais probablement une spécificité de son syntagme de coordination. Un syntagme peut être énoncé isolément comme réponse à une question. Un syntagme tel que bú na ɩgbám ‘l’enfant et le chasseur’ peut être une réponse à la question de savoir qui s’est tu. Pour pronominaliser ses termes, nul n’est besoin de l’intégrer dans un énoncé plus large. Voici donc le syntagme des noms en (12) et son équivalent en pronoms en (13). Rappelons que les deux noms sont du même genre humain :

(12)   bú   na   ɩgbám
    |       |
(13)   î       yɩɁ

La réalisation î du pronom de bú est celle d’un ʋ en fonction sujet. En effet il est soudé à na dont la voyelle a lui attribue en retour ses traits –ATR et –Ro selon les règles de l’harmonie vocalique. L’accent qu’il porte n’est pas de lui. L’accent est attaché à na en tant qu’accent flottant à gauche et près à se fixer sur une des dépendances de na ; la forme complète du relateur est donc Hna. Au total, tel un pronom en fonction sujet, ʋ de bú est entièrement sous la dépendance de Hna. La réalisation de yɩɁ, quant à elle, est celle du même pronom ʋ du genre humain mais en fonction objet.

î   na   yɩɁ
|       |
ʋ sujet       ʋ objet

Tout se passe comme si notre syntagme de coordination était plutôt une relation prédicative dont le premier terme est le sujet, le second terme l’objet et le relateur un prédicat (Préd).

bú   na   ɩgbám
|   |   |
NS   Préd   NO

La pronominalisation des termes du syntagme révèle la vraie identité de notre syntagme. Il ne s’agit d’un syntagme de coordination dont les termes sont symétriques et, comme tels, assument la même fonction syntaxique. Il s’agit plutôt d’une structure particulière de relation prédicative ou l’un des termes joue le rôle se sujet et l’autre celui d’objet. Une relation prédicative n’est pas habilitée à être sujet, tout au moins un sujet direct de verbe. Le pronom intercesseur peut être interprété de deux façons : soit qu’il est le marqueur qui nominalise la relation prédicative <NS Hna NO> afin de lui attribuer un statut lui permettant d’assumer la fonction sujet, soit comme un pronom neutre ayant pour fonction de reprendre une structure non-nominale dont le but est d’assumer une fonction sujet, ce qui justifierait son invariabilité. Dans tous les cas, avec <NS Hna NO>, on a affaire à un syntagme prédicatif.

2. La pronominalisation du syntagme prédicatif

Maintenant que nous connaissons les vraies identités du syntagme et de son pronom intercesseur, ba, nous pouvons procéder à sa pronominalisation en tant qu’entité afin de satisfaire à notre curiosité de départ.

Soit deux syntagmes prédicatifs <bú na ɩgbám> et <fôɔ na fééni> dans un énoncé tel que bú na ɩgbám baamʋ fôɔ na fééni ‘l’enfant et le chasseur ont acheté un chien et des moutons’. L’analyse de l’énoncé met au jour trois constituants syntaxiques, le sujet <bú na ɩgbám ba->, le verbe <ɩmʋ> et l’objet <fôɔ na fééni>. La pronominalisation des deux syntagmes au sein de l’énoncé donne le nouvel énoncé suivant : baamʋ wɛɁ ‘ils les ont achetés’ dont l’analyse donne <ba-> sujet, <ɩmʋ> verbe et <wɛɁ> objet. La forme ba pour le pronom sujet était prévisible puisqu’elle était déjà présente concomitamment au syntagme. La forme wɛɁ ne trahit pas car si on a PLG1 (ba) pour le sujet on devrait s’attendre à un PLG1 aussi pour l’objet ; elle ne trahit pas non plus car la forme de PlG1 en situation d’objet est wɛɁ.

<bú na ɩgbám ba->   <ɩmʋ>   <fôɔ na fééni>
|       |
<ba- sujet>       <ba- objet>
|       |
ba       wɛɁ

En revanche ce que la pronominalisation nous apprend c’est le choix du genre humain (G1) comme fournisseur, encore fois, du pronom neutre. On se rappelle que c’est le même genre qui a fourni wa comme support de marqueurs verbaux à initiale vocalique. On comprend que la forme du pronom de genre, ʋ, ayant donc été pris pour servir de support, il ne reste au genre fournisseur que la forme de pluriel du pronom, ba.

A ce stade de l’exposé, toutes nos interrogations en rapport avec le syntagme que nous reconnaissons désormais comme prédicatif ont trouvé réponses. Mais jusqu’ici nous avons examiné NS en tant que N ou son substitut pronominal IL. La forme ba du pronom demeure-t-il si les termes ou l’un des termes est un nom allocutif ?

3. La pronominalisation du syntagme comportant un allocutif

L’allocutif est le nom que deux interlocuteurs se donnent pendant un échange interlocutoire. L’énonciateur se donne le nom JE et nomme le co-énonciateur TU. JE et TU peuvent être singulier ou pluriel. En tem voici les formes des allocutifs selon leur nombre et leurs fonctions :

  Topic S O
JE singulier môô  má ma
JE pluriel ɖôô  ɖá ɖáaɁ
TU singulier nyôô  nyá nya
TU pluriel mîyôô   mîɩɁɁ

Les termes NS et NO du syntagme <NS Hna NO> ne sont pas l’instance du seul nom N et de son pronom IL. Il peut accueillir les noms allocutifs que sont JE et TU. Si l’un des termes est instancié par un allocutif celui-ci occupe la position NS ; si les deux termes sont des allocutifs, c’est JE qui occupe la position NS. Voici les cinq combinaisons possibles avec quand un des termes au moins est un allocutif :

NS Hna NO
|    |
JE    N
JE    IL
JE    TU
TU    N
TU    IL

Un syntagme à terme allocutif peut, lui aussi, avoir un substitut pronominal. Le résultat de la pronominalisation du syntagme à termes N ou IL n’a pas donné un résultat différent du pronom intercesseur devant le verbe dont le syntagme est sujet. Il suffit donc de mettre au jour l’intercesseur d’un syntagme à terme allocutif pour connaître son substitut pronominal. Les données sont les suivantes :

JE + N : mána bú ɖóózú   l’enfant et moi nous nous sommes tus
JE + IL : mána yɩ ɖóózú   lui et moi nous nous sommes tus
JE + TU : mána nya ɖóózú   toi et moi nous nous sommes tus
TU +N : nyána bú múúzú   toi et l’enfant vous vous êtes tus
TU + IL : nyána yɩ múúzú   toi et lui vous vous êtes tus

De l’analyse de ɖóózú ‘nous nous sommes tus’ et múúzú ‘vous vous êtes tus’, il ressort que l’intercesseur est ɖá- c’est-à-dire JE pluriel (JEpl) quand le terme NS est JE et qu’il est mî- c’est-à-dire TU pluriel (TUpl) quand le terme NS est TU.

NS   Hna   NO     Pr
|       |     |
JE       N   JE pluriel
JE       IL   JE pluriel
JE       TU   JE pluriel
TU       N   TU pluriel
TU       IL   TU pluriel

Il suffit donc qu’un des termes du syntagme soit un allocutif pour que le substitut soit ce allocutif au pluriel, que le terme allocutif soit singulier ou pluriel. Il découle de cette mise au jour que l’intercesseur du syntagme à termes N ou IL n’est pas ba par hasard. Quel que soit le marqueur de genre choisi, il devrait être de forme pluriel. Ce qui est donc invariable dans ba, c’est uniquement le genre. Le ba comme l’allocutif pluriel restent variable pour le reste, en particulier avec la fonction. A l’instar de ba qui se réalise ba- en position sujet, wɛɁ en position objet et bamH en position de topicalisé, JEpl se réalise ɖá- en position sujet, ɖáaɁ en position objet et ɖôô en position de topicalisé ; de son côté TUpl se réalise mî- en position sujet, mîɩɁ en position objet et mîyôô en position de topicalisé. Schéma :

   Topic S O
ba bamH ba- wɛɁ
ɖá ɖôô ɖá- ɖáaɁ
 mîyôô mî- mîɩɁ

Conclusion

L’habitude de voir les termes d’un syntagme de coordination reliés par un coordonnant a failli nous induire en erreur quant au statut du syntagme tem qui réunit deux noms à l’aide d’un relateur extérieurement semblable à un simple coordonnant. La pronominalisation des termes a permis de découvrir qu’au lieu de servir d’axe de symétrie aux deux termes, le relateur tem se comporte comme un verbe faisant du terme qui le précède un sujet et du terme qui le suit un objet. C’est donc à l’aide d’une construction prédicative que le tem exprime la mise en compagnie de deux entités nominales différentes. Cette formule n’est pas une spécificité d’une langue à genres ; le français qui en est une exprime la mise en compagnie à l’aide d’un vrai syntagme de coordination. La disposition tem peut être présente ailleurs notamment dans une langue sans genres. Le seul moyen de détecter dans une langue une construction prédicative aux fins de mise en compagnie de deux êtres comme le fait le tem est la présence ou l’absence d’un pronom intercesseur entre le syntagme et le verbe dont il est sujet, sans qu’il ne soit question de topicalisation.

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