mercredi 22 août 2012

Initiation à la grammaire tem Chapitre 3 : Le nom Leçon 8 : Qu’est-ce que le pronom ?

On appelle discours un texte oral ou écrit énoncé en une ou plusieurs phrases. Le discours évoque des êtres (personnes ou objets) à travers leurs désignations formulées sous forme de nom ou d’expression nominale. Au fil de son discours, l’orateur ou l’écrivain peut avoir besoin d’évoquer plus d’une fois un même être, donc son nom ou l’expression qui le désigne. Reprendre le même nom à chaque fois donnerait à son discours un caractère enfantin et insipide. Comment se prend donc l’orateur ou l’écrivain face à la nécessité de rappeler plusieurs fois l’image d’un être ?

1. La substitution

Les circonstances qui amènent l’écrivain ou l’orateur à devoir répéter l’évocation d’un personnage sont nombreuses. On peut citer la description d’un individu ou le reportage sur l’activité d’une personne. A titre d’exemple voici un texte de reportage journalistique. Il s’agit d’un article paru dans le quotidien ivoirien L’Expression n° 563 du vendredi 24 juin 2011 sous la plume de Jean-Roche Kouamé (avec quelques retouches sur l’orthographe de ma part) :

La 17ème Assemblée des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA) se tient du 23 juin au 1er juillet à Malabo, en République de Guinée Equatoriale.

Le thème retenu est : “Accélérer l’autonomisation de la jeunesse pour le développement durable”.

Le Président de la République, Alassane Ouattara, participera à son premier sommet de l’UA en tant que Président investi.

Le Chef de l’Etat est accompagné par une délégation qui comprend le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères, Daniel Kabran Duncan, le Ministre des Mines et de l’Energie, Adama Toungara, le Ministre chargé de l’Intégration, Adama Bictogo, du Directeur du Protocole d’Etat, Collet Philippe Vieira, du Chef de Cabinet, Sidi Touré, du Conseiller en charge des Affaires Internationales, Mamadi Diané, de la Conseillère en Communication, Masséré Touré, du Chargé de Protocole du Président, Eric Taba et d’une douzaine de journalistes.

Le président de Guinée Equatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Président en exercice de l’Union Africaine qui a pris part à l’investiture du Président Ouattara , le 21 mai à Yamoussoukro, sera heureux de retrouver le n°1 ivoirien .

En marge du sommet, les deux Chefs d’Etat aborderont les relations bilatérales entre Abidjan et Malabo. Dans la crise postélectorale, on le sait, Obiang Nguema avait pris fait et cause pour Laurent Gbagbo. L’occasion est belle pour les deux hommes d’Etat de relancer la coopération sur des bases plus solides.

Au-delà des dossiers politiques, l’enjeu de cette visite est aussi économique. Le Président ivoirien fait le déplacement dans ce petit pays d’Afrique Centrale, producteur de pétrole, avec son ministre des Mines et de l’Energie. Nul doute qu’Adama Toungara nouera des contacts avec son homologue en vue du renforcement de l’axe Abidjan-Malabo.

Le personnage évoqué à plusieurs reprises est désignée par une expression, “le Président de la République, Alassane Ouattara” (§ 3). L’expression dit l’identité du personnage (Alassane Ouattara) et la qualité au nom de laquelle il agit (Président de la République).

Tout ce qui va suivre dans le cours du reportage et qui sera fait ou dit par ce personnage le sera par “le Président de la République, Alassane Ouattara”. A chaque fois qu’il sera question du même personnage comment s’y prend le journaliste reporter ?

Pour les évocations suivantes le personnage est repris successivement par les expressions suivantes :

1 “le Chef de l’Etat” (§ 4),
2 “le Président Ouattara” (§ 5),
3 “le n°1 ivoirien” (§ 5),
4 “le Président ivoirien” (§ 7)
5 “son” (§ 7).

Parce qu’elles se substituent à “le Président de la République, Alassane Ouattara”, ces cinq expressions sont appelées sont des substituts. Ces substituts se répartissent en trois catégories :

La première catégorie a pour substitut “le Président Ouattara” ; elle procède par réduction. Elle consiste à réduire la formulation première, “le Président de la République, Alassane Ouattara”, à sa plus simple expression. L’expression de départ étant constitué de deux syntagmes nominaux, chaque syntagme va être réduit au maximum. Ainsi le syntagme “le Président de la République” va être ramené à son terme de tête, le terme déterminé qui est “le Président” ; pour sa part, le syntagme “Alassane Ouattara ” dont la tête est “Ouattara” sera ramené à ce terme. Le résultat de la réduction est “le Président Ouattara”.

La deuxième catégorie procède par requalification. Elle comprend trois substituts : “le Chef de l’Etat”, “ le n°1 ivoirien ” et “le Président ivoirien ”. Le substitut “le Chef de l’Etat” est un autre attribut du Président de la République en Côte d’Ivoire. Le terme “n° 1”, terme de tête du syntagme “l e n°1 ivoirien” est une requalification de Président ou de Chef de l’Etat. Le terme “ivoirien” des syntagmes “le n°1 ivoirien” et “le Président ivoirien” qualifie le personnage par la référence au pays où “le Président de la République, Alassane Ouattara” exerce sa fonction de Président.

La troisième et dernière catégorie est celle d’un outil spécialisé dans la fonction de substitution. Dans l’article, cet outil a pris la forme de “ son ”. Sans le substitut “son” le syntagme “son ministre” serait “le ministre du Président de la République, Alassane Ouattara”. “Son&rdquo ; est donc bien le substitut de l’expression de départ. Mais à la différence des substituts des catégories précédentes qui ne sont substituts qu’occasionnellement, “son” est un substitut professionnel, conçu spécialement et uniquement pour servir de substitut à un nom, d’où sa désignation de pronom, traduction du latin pronomen ‘mis pour le nom’.

2. Le pronom et ses formes

En tant que substitut professionnel, le pronom est, par essence, unique : il n’y a pas des pronoms mais un pronom. Mais comme il est souvent sensible non seulement au genre et au pluriel mais aussi aux fonctions syntaxiques du nom et qu’il traduit cette sensibilité dans sa forme, le pronom se présente sous plusieurs formes. En voici un exemple dans cette deuxième des six strophes du poème de Victor Hugo intitulé Fonction du poète :

1 Le poète en des jours impies
2 Vient préparer des jours meilleurs.
3 Il est l’homme des utopies
4 Les pieds ici, les yeux ailleurs.
5 C’est lui qui sur toutes les têtes,
6 En tout temps, pareil aux prophètes,
7 Dans sa main, où tout peut tenir,
8 Doit, qu’on l’insulte ou qu’on le loue,
9 Comme une torche qu’ il secoue,
10 Faire flamboyer l’avenir.

Pour ses reprises “le poète” (vers 1) a pour substitut IL. IL prend les formes “il” (vers 3 et 9) en fonction sujet, “le” (vers 8) en fonction objet, “lui” (vers 5) en situation d’emphase et “sa” (vers 7) en fonction de déterminant. IL aurait pu prendre la forme “elle” et “la” si le nom substitué était du genre féminin. En somme, “il”, “le”, “lui” et “sa” ou éventuellement “elle” et “la” ne sont pas des pronoms distincts mais des formes du même pronom, IL.

3. IL, un pronom personnel ?

Il existe des outils (expressions lexicales ou unités grammaticales) qui, dans le discours, servent à identifier le référent du nom soit par description (“qui”, (“dont”) soit par monstration (“celui”), soit par questionnement (“qui ?”, (“lequel ?”). Ces outils sont abusivement appelés pronoms alors qu’ils ne sont pas (“mis pour le nom” : ils sont dits pronoms relatifs, démonstratifs ou interrogatifs. Pour le différencier de ce type d’outils du discours, on a baptisé IL (“pronom personnel”) .

Une autre raison qui justifie, la présence du terme ‘personnel’ dans cette appellation traditionnelle, vient de l’association de IL, JE et TU dans un même paradigme, bien que JE et TU ne soient pas des substituts de noms évoqués antérieurement dans le discours. En effet, JE et TU sont des noms instantanés que se donnent deux interlocuteurs au moment en plein échange. Celui qui parle s’appelle JE au moment où il parle et, dans le même moment l’autre prend le nom de TU. Ces noms de baptême instantanés s’inversent lorsque l’interlocuteur qui écoutait jusque là prend la parole à son tour tandis que celui qui parlait devient l’auditeur. Comme on voit, l’existence de JE et TU ne dure que l’instant de l’interlocution. Ce sont donc des allocutifs et non des pronoms. Ils n’ont pas à figurer dans un paradigme avec le pronom IL.

IL n’a donc pas besoin d’être qualifié de ‘personnel’ pour se distinguer des relatifs et autres démonstratifs ; il n’a pas non plus besoin de cette qualification pour mériter une place au sein du paradigme JE-TU parce qu’il n’a rien à voir dans ce paradigme.

Notons que pour avoir introduit IL dans le même paradigme JE-TU, la grammaire traditionnelle et, à sa suite, la linguistique moderne ont créé un débat inutile dont s’est fait l’écho le grand linguiste Emile Benveniste qui a traité IL de « non-personne » (Problèmes de linguistique générale, Gallimard, 1966, ch. XX “La nature des pronoms” 251-257). Ce faisant, il exclut IL de la situation d’énonciation, domaine de JE et TU, ce qui est juste, mais il continue de le maintenir dans le faux paradigme JE-TU-IL.

Conclusion

Dans un discours, s’il y a un besoin de mentionner plusieurs fois un nom, celui-ci ne doit pas être répété. Il doit être repris par un substitut. Il y a plusieurs genres de substituts. Le substitut spécialement conçu pour reprendre le nom est appelé pronom. Le pronom peut adapter sa forme à la fonction syntaxique ou morphosyntaxique assumée, au genre et au nombre du nom substitué. On n’aura pas pour autant plusieurs pronoms mais un pronom avec plusieurs formes.

dimanche 12 août 2012

Initiation à la grammaire tem Chapitre 3 : Le nom Leçon 7 : Les propriétés du marqueur de pluriel

Les marqueurs de genre sont des unités discrètes. Ils permettent de distinguer des genres tout aussi discrets. Le marqueur de pluriel, quant à lui, est une unité discrète mais unique. Au moment de se substituer à un marqueur de genre, il prend un aspect particulier de façon à permettre de reconnaître le genre du substantif dont il chasse l’indicateur de genre. Soit x tout marqueur de genre et y le marqueur de pluriel. Les quatre marqueurs de genre du tem peuvent donc être représentés ainsi : ‹x1›, ‹x2›, ‹x3› et ‹x4›. Unique, le marqueur de pluriel n’offrent que des formes qui varient d’un genre à l’autre, soit [y de x1], [y de x2], [y de x3] et [y de x4]. Présenter les propriétés du marqueur de pluriel revient donc à présenter les propriétés des formes de ce marqueur.

Outre les quatre formes, substituts des quatre marqueurs de genre, il y une forme spécifique aux noms dépourvus de marqueur de genre et une autre, elle aussi spécifique, pour les noms désignant des êtres denses. Voici donc les six formes.

1. La forme [Hba], substitut de /ʋ/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre humain est [Hba]. Substitut du marqueur /ʋ/, il est un suffixe. Son schème CV est doté d’un accent flottant invariable. Le schème du radical qui l’accueille peut être ouvert (à finale V) ou fermé (à finale C).

En présence d’un schème ouvert, la voyelle du radical affaiblit /b/ du suffixe en le transformant en [w]. C’est pourquoi /sɔ-Hba/ ‘chacals’, /ɖʋ-Hba/ ‘pythons’ et /yu-Hba/ ‘souris, pl.’ sont réalisés respectivement sôwa (ô pour ɔ accentué), ɖûwa (û pour ʋ accentué) et yúwa. Si la voyelle du radical est [ɩ] ou [i], la forme [w] de la consonne suffixale se transforme en [y]. C’est pourquoi /bi-Hba/ ‘enfants’ est réalisé bíya.

En présence d’un schème de radical fermé, le C fermant se fait audible, soit grâce à une voyelle de soutien, soit sans soutien.

S’il sollicite un soutien vocalique, celui-ci peut lui venir soit d’une copie de la voyelle de [Hba] soit d’une copie de la voyelle du radical. Si le soutien vient du marqueur, le schème /CVC-Hba/ devient /CVC-aHba/ soit /CVC-ába/. Pris en sandwich entre deux voyelles de même timbre, /b/ s’affaiblit et, pire, perd sa propriété d’obstacle, ce qui le fait disparaître : /CVC-ába/ est réalisé alors [CVC-áa]. Ainsi /a-l-Hba/ ‘femmes, femelles’, /ʋ-ɖ-Hba/ ‘personnes’, /wol-Hba/ ‘souris, pl.’, /nyaw-Hba/ ‘guibs harnachés’ et /ɖom-Hba/ ‘serpents’ se réalisent respectivement aláa, ɩráa, woláa, nyawáa et ɖomáa. Si, en revanche, le soutien vient du radical, on aura alors /CVC-Hba/ qui deviendra /CV1CV1-Hba/. Dans ce cas si V1 est un timbre différent de [a] de /Hba/, il se contentera d’affaiblir l’obstacle de /b/ ; aussi /CV1CV1-Hba/ se réalisera-t-il [CV1CV1-Hwa]. L’unique exemple attesté est celui de /ʋ-fel-Hba/ ‘sorciers’ réalisé ivéléwa.

Pour que la consonne fermante du radical se passe de soutien il faut qu’elle soit suffisamment sonante pour se constituer syllabe ; la consonne qui se prête à ce jeu est [m]. Il est en mesure d’accueillir l’accent flottant du suffixe. Le schème /CVm-Hba/ devient alors /CVḿba/. Par assimilation nasale, la séquence /mb/ devient /mm/. La gémination consonantique étant interdite, /mm/ se réduit à [m]. Le schème de mot /CVm-Hba/ se réalise [CVma] au plan segmental. Normalement, l’accent porté par [m] devrait se glisser sur [a] qui fait noyau syllabique de [m]. Or la règle veut que l’accent flottant de /Hba/ ne varie pas de position, ce qui signifie qu’il ne peut se poser sur ni sur la séquence -ba- ni sur la voyelle de cette séquence. Deux éventualités se présentent : l’une déporte l’accent sur la voyelle du radical, ainsi /CVm-Hba/ se réalise [CVHma]. C’est le cas de /ʋ-kpam-Hba/ ‘chasseurs’ réalisé ɩgbáma ; l’autre interdit à l’accent de se fixer. C’est le cas de /ʋ-kɔm-Hba/ ‘étrangers’ réalisé ʋgɔma.

On note qu’avec les noms de type relationnels (noms de parenté notamment), entre le schème de radical et le marqueur de pluriel s’intercale un dérivatif, /na/. Etant lui-même de schème ouvert, le dérivatif rend le schème du radical ouvert, qu’il ait été ouvert ou fermé au départ. Ainsi, /CV(C)-na-Hba/ se réalise [CV(C)-náa]. C’est sur ce modèle que sont construits les noms /caa-na-Hba/ ‘pères’, /kɔɔ-na-Hba/ ‘mères’ et /ɖɛɛl-na-Hba/ ‘épouses’ réalisés respectivement caanáa, kɔɔnáa et ɖɛɛlnáa.

2. La forme [aH], substitut de /ɖ/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre dérivé est [aH]. Substitut du marqueur /ɖ/, il a pour schème phonématique V qui porte l’accent de suffixe. Le schème de radical qui l’accueil peut être ouvert ou fermé.

En présence d’un schème de radical ouvert, le V suffixal étant accentué, il se produit une coalescence entre les deux voyelles en contact : la voyelle résultante reçoit du [a] suffixal sa propriété majeure qui est +Ouv ; la voyelle du radical fournit, quant à elle, le reste des propriétés nécessaires à une voyelle tem, à savoir les propriétés Ro et ATR. C’est pourquoi les substantifs /wɩ-aH/ ‘jours’, /bʋ-aH/ ‘cailloux’, /tɩmɛ-aH/ ‘travaux’, /te-aH/ ‘phacochères’ et /yu-aH/ ‘cuisses’ se réalisent respectivement (ê pour ɛ accentué), , tɩmê, et yó.

Face à un schème de radical fermé, le V du suffixe sert de noyau syllabique à la consonne fermante du radical. Voilà pourquoi /ɩ-s-aH/ ‘yeux’, /fol-aH/ ‘nerfs’, /yɩr-aH/ ‘noms’ et /tɔn-aH/ ‘peaux’ sont réalisés respectivement ɩzá, folá, yɩrá et tɔná.

En principe, quand le marqueur de genre prend le radical en accolade, la forme du marqueur de pluriel qui lui correspond ne se substitue qu’à sa partie suffixée. Autrement dit, si le marqueur de genre embrassant est x3 par exemple, le substantif /x3’-Rad-x3/ devient au pluriel /x3’-Rad-y de x3/. Mais si le marqueur de genre embrassant es /ɖ/, le marqueur de pluriel qui lui correspond, /aH/, se substitue à la fois à la forme suffixée et à la forme préfixée. Autrement dit au pluriel, /ɖ-Rad-Hɖ/ɖH/ devient /a-Rad-aH/. C’est la raison des constructions /a-bar-aH/ ‘ruades’ et /a-ŋmal-aH/ ‘charbons’, pluriels de /ɖ-bar-ɖH/ et /ɖ-ŋmal-Hɖ/ respectivement, constructions réalisées respectivement abará et aŋmalá.

Qu’il s’agisse de la construction /x3’-Rad-x3/ ou de sa forme pluriel /x3’-Rad-y de x3/ seul le suffixe (x3 ou y de x3) est accompagné d’accent.

Mais il arrive qu’entre le suffixe et le préfixe l’accompagnement d’accent soit inversé. Toutefois, quand c’est le préfixe qui prend en charge l’accent, il ne peut être que flottant, quel que soit le positionnement choisi par la forme du marqueur au départ. Ainsi le positionnement « accent fixé par a » de [Ha] valable pour le suffixe ne l’est plus pour le préfixe. Ici, l’accent doit être flottant ; comme il doit flotter du côté du radical, le préfixe sera noté [aH], mais avec le sens que H doit se fixer sur le radical. Cette inversion des rôles n’est attestée qu’une fois dans nos données : /aH-fow-a/ ‘pigeons’ réalisé avówa.

Il arrive aussi qu’il y ait hésitation sur la partie du marqueur embrassant qui doit être dotée de l’accent (suffixe ? préfixe ?) ; dans ce cas aucune des parties ne bénéficie d’un accompagnement de l’accent. C’est le cas des substantifs /a-cim-a/ ‘fous’, /a-kʋm-a/ ‘massues’ réalisés respectivement ajima et agʋma.

3. La forme [Hs], substitut de /ka/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre menu est [Hs]. Substitut du marqueur /ka/, il est un suffixe. Son schème C est accompagné d’un accent invariablement flottant à gauche. Sa consonne /s/ est soutenue, dans sa réalisation, par une voyelle épenthétique, [ɩ]. Lors de sa suffixation, il est mis en contact avec un radical à schème ouvert ou fermé.

Si un schème de radical ouvert a pu fonctionner en l’état avec /ka/ (cas de /bu/ de buwá ‘cours d’eau’), en présence de [Hs] il doit se transformer en CVC, avec [w] pour C fermant. Ainsi le schème CV transformé en CVw pour la circonstance gagne le statut d’un schème CVw primitif, donc avec un [w] audible. Pour rendre [w] audible il revient en principe au suffixe de fournir le soutien vocalique nécessaire. Mais la porosité de [w] permet à la voyelle du radical d’être plus prompte à pourvoir ce soutien. Au lieu de *CVwɩ, on a donc CV1wV1. Pris en sandwich par la même voyelle, [w] perd sa propriété d’obstacle et tombe et CV1wV1 devient CV1V1. La séquence -V1V1- se comporte comme une voyelle unique identifiée à la voyelle radicale au contact de laquelle la consonne suffixale s’affaiblit en [z] : /CV1V1-Hs/ se réalise [CV1V1Hzɩ]. C’est ainsi que /buw-Hs/ ‘cours d’eau, pl.’, /ɖaw-Hs/ ‘bâtons’, /faw-Hs/ ‘chiens’, /taw-Hs/ ‘cours de maison’ et /liw-Hs/ ‘francolins’ se réalisent búúzi, ɖáázɩ, fáázɩ, táázɩ et líízi, respectivement.

Une consonne nasale cohabite mieux avec une occlusive qu’avec une constrictive. Si la consonne fermante est une nasale coronale, donc [n], elle est remplacée par [w] pour ne pas avoir à cohabiter avec /s/ du suffixe. De CVn le schème de radical devient alors CVw pour accueillir [Hs]. Si /ban-Hs/ ‘cous’ se réalise báázɩ c’est parce qu’il après s’est préalablement transformé en /baw-Hs/. On a aussi /ka-tan-Hs/ ‘gifles’ qui se réalise kadáázɩ après sa transformation en /ka-taw-Hs/.

On sait que pour se rendre audible, la consonne fermante du schème de radical requiert une voyelle de soutien. Celle-ci lui vient de trois sources possibles : 1) elle peut être [a] occasionné par la suffixation de /ka/. En effet, un schème /CVC-ka/ devient /CV-Ca-ka/ après copie de [a] de /ka/ au profit de la consonne fermante. Le nouveau schème CVCa demeure au moment de suffixer [Hs], ce qui donne /CVCa-Hs/. 2) elle peut être une copie de la voyelle radicale ; dans ce cas, le schème radical passe de CVC à CV1CV1 et le schème de nom résultant est / CV1CV1-Hs/. 3) elle peut être une copie de la voyelle suffixale. Mais la forme [Hs] du marqueur de pluriel n’est pas prêteuse. Dans les deux cas attestés, la voyelle de soutien est incapable de voiser /s/ du suffixe. Exemples illustrant le premier cas : les radicaux /tɩn/ de /tɩn-kaH/ ‘bassin’, /fen/ de /fen-kaH/ ‘lune’, /bir/ de /bir-Hɩ/ ‘devenir noir’ et /wul/ de /wul-Hɩ/ ‘faire le you-you’ deviennent respectivement, /tɩna/, /fena/, /biri/ et /wulu/ avant d’entrer dans les constructions respectives suivantes : /tɩna-Hs/ ‘bassins’, /fena-Hs/ ‘lunes’, /ka-ɩ-biri-Hs/ ‘souris grises’ et /ka-wulu-Hs/ ‘you-yous’ réalisés respectivement tɩnásɩ, fenásɩ, kéébírísi et kowulúsi.

Il arrive au marqueur de genre /ka/ de ne pas tomber au moment de laisser la place à son substitut pluriel. Il subit alors la concaténation de celui-ci après avoir cessé d’indiquer le genre et s’être transformé en une sorte de segment fossile attaché au radical. Sa voyelle, bien qu’elle rend ouvert le schème du radical, est incapable de voiser la consonne suffixale : /ka-liC-kaH/ (keliká) ‘billon’ devient au pluriel /ka-liCka-Hs/ ‘billons’ réalisé kelikásɩ.

Identifiable ou non, si une consonne fermante qui choisit d’être muette sert de bouclier à /s/ contre l’influence de la voyelle radicale ; /s/ se réalise alors fort : /wɩl-Hs/ ‘soleil’, /yiC-Hs/ ‘calebasses’ et /ka-bir-Hs/ ‘singes à robe noire’ se réalisent respectivement wîsɩ (î pour ɩ accentué), yísi, et kebísi.

4. La forme [Ht], substitut de /k/

La forme qui représente le marqueur de pluriel dans le genre neutre est [Ht]. Substitut du marqueur /k/, il est un suffixe. Son schème C est accompagné d’un accent invariablement flottant à gauche. Sa consonne /t/ est soutenue, dans sa réalisation, par une voyelle épenthétique, [ɩ]. Il se suffixe à un schème de radical qui peut être ouvert ou fermé. Sous l’influence d’une voyelle /t/ se réalise [d] ou [n].

La forme [Ht] du pluriel ne tolère que le schème fermé pour le radical. Aussi, si un schème ouvert a pu fonctionner en l’état avec /k/ (cas de /lo/ de lowú ‘gorge’), avec [Ht] doit-il se transformer en CVC, avec [w] pour C fermant. Ainsi le schème CV devient ainsi CVw. La consonne [w] tenant à être audible, elle reçoit une copie de la voyelle radicale en soutien. CVw devient alors CV1wV1 qui devient à son tour CV1V1 selon un processus vu plus haut. Le contexte CV1V1 des radicaux anciennement CV oblige /t/ de [Ht] à se réaliser [n] : à partir des anciens radicaux /lo/ et /su/ devenus /low/ et /suw/ on a /low-Ht/ ‘gorges’ et /suw-Ht/ ‘pintades’ réalisés lóóni et súúni respectivement.

Si le schème de radical est, au départ fermé, et que la consonne fermante est [w], Comme ci-dessus, c’est la voyelle du radical qui fournit la copie pour soutenir l’audibilité de [w]. Selon un processus désormais connu, le schème du radical devient CV1V1, ce qui expose la consonne /t/ du suffixe à l’influence affaiblissante de la voyelle radicale. Aussi le schème /CVw-Ht/ se réalise-t-il [CV1V1nɩ] ou [CV1V1dɩ] sans prévisibilité. C’est ainsi que /baw-Ht/ ‘palmiers’ et /faw-Ht/ ‘feuilles’ se réalisent, respectivement, báánɩ et fáádɩ.

Si la consonne fermante audible n’est pas [w], c’est la voyelle suffixale qui fournit de quoi assurer l’audibilité de la fermante. Ainsi /CVC-Htɩ/ devient /CV-Cɩ-tɩ/, lequel se réalise [CVCɩnɩ]. Les noms sʋlînɩ ‘arbres de néré’, kelíni ‘ailes’ et bɔɔrînɩ ‘écorces’ ont pour structure de base /sʋl-Ht/, /kel-Ht/ et /bɔɔr-Ht/, respectivement.

Si la consonne fermante du schème CVC de radical reste muette, la consonne /t/ de /Ht/ trouve en elle un bouclier contre l’influence de la voyelle radicale et se réalise [t] : /bɔɖ-Ht/ ‘moustiques’ /sʋl-Ht/ ‘farine de néré’, /cɛw-Ht/ ‘déchets mâchés’ et /loC-Ht/ ‘dartres’ sont réalisés bôtɩ, sûtɩ, cêtɩ et lóti, respectivement.

5. La forme [waH]

Les formes [Hba], [aH], [Hs] et [Ht] du marqueur de pluriel sont comme des guides habillés chacun d’un uniforme propre à faire reconnaître les lieux respectifs qu’ils indiquent. Comparativement, la forme [wa], elle, est sans uniforme. Elle est faite pour s’associer à un radical quel que soit le genre auquel il appartient. A titre d’exemple, le nom lákʋtaɁ. Il désigne aussi bien l’agent de santé que le local où l’on prodigue les soins médicaux. Du point de vue des propriétés sémantiques il y a deux lákʋtaɁ, celui qui possède la propriété «humain» et celui qui en est dépourvu. Ce qui les range dans des genres différents, le genre humain pour l’un et le genre neutre pour l’autre. Malgré cela chacun reçoit au pluriel la forme [waH] : lákʋtawáɁ désigne, selon les contextes, les agents de santé ou les centres de santé.

Les noms affixés par [waH] au pluriel ont en commun d’être dépourvus de marqueurs de genre et de ne présenter que leur radical, lequel est reçu par un coup de glotte qui exprime une absence, celle d’un indicateur de genre. Lors de la suffixation de [waH] le coup de glotte se déplace vers la fin : lákʋtaɁ puis lákʋtawáɁ.

Pour être un nom dépourvu de marqueur de genre il faut être soit un emprunt non-intégré, soit un nom individuel pouvant être porté par plusieurs individus (ce qui exclut les toponymes et les ethnonymes), soit un titre social.

Au titre des emprunts il y a des noms de métiers tels que alikisánɁ ‘boucher’ qui devient au pluriel alikisánwáɁ, tîîlaɁ ‘tailleur’ qui a pour pluriel tîîlawáɁ ; il a aussi des noms d’objets tels que tókoɁ ‘chemise’ et cɛɛcêɁ ‘bicyclette’ dont les pluriels respectifs sont tókowáɁ et cɛɛcêwáɁ.

L’on peut illustrer les patronymes par ÁbuɖuɁ ‘nom masculin d’origine arabe’ et SamáɁ tous deux noms pour homme, pluralisés respectivement en ÁbuɖuwáɁ ‘les Aboudou’ et SamáwáɁ ‘les Sama’ ; MaaríiɁ ‘nom féminin chrétien’ a pour pluriel MaaríiwáɁ ‘les Marie’.

Quant aux titres sociaux on peut citer WúroɁ ‘roi’, AlaáziɁ ‘el hadj’, alfáaɁ ‘marabout’ qui ont pour pluriel WúrowáɁ, AlaáziwáɁ et alfáawáɁ.

6. La forme [Hb]

Le dense est un pluriel extrême. C’est pourquoi l’on se sert du marqueur de pluriel pour l’exprimer. Soit la construction /sʋl-Ht/ ; elle peut, grâce à [Ht], exprimer le pluriel ou le dense. Le procédé de différenciation entre le nom qui désigne l’objet discret au pluriel et l’objet dense ne dépend pas du marqueur ; il est effectué sur le schème de radical où l’on joue sur l’audibilité ou le mutisme de la consonne fermante. En version audibilité de [l] /sʋl/ on a le nom pluriel sʋlînɩ qui désigne les/des arbres ; en version mutisme de [l], on a le nom dense sûtɩ qui désigne la farine jaune et sucrée du néré. Même si le jeu sur la consonne fermante est impossible (cas de [w] qui est invariablement audible), on a deux homophones qui représentent l’un le discret au pluriel et l’autre le dense. C’est le cas de /tʋw-Ht/ qui se réalise tûûnɩ pour désigner aussi bien les/des abeilles que du miel.

Ce double rôle du substitut du marqueur de genre n’est possible que si l’objet dense est le sous-produit d’un objet discret. Or il existe des êtres dont la propriété dense n’apparaît pas comme acquise à partir du discret. Pour ces êtres il a été conçu une forme du marqueur de pluriel, en l’occurrence [Hb].

A la différence des formes de pluriel qui acceptent le schème de radical ouvert ou fermé, ou le schème fermé exclusivement, [Hb] exige le schème ouvert de manière exclusive. Cette exigence met /b/ de [Hb] en contact direct avec la voyelle radicale et l’expose ainsi à l’influence. Sous cette influence affaiblissante, /b/ a le choix entre la forme faible [w] et la forme faible [m]. C’est cette dernière qui est choisie. C’est pourquoi on a /ba-Hb/ ‘vin de palme’, /lɩ-Hb/ ‘eau’, /tɩ-Hb/ ‘poudre à canon’ réalisés, respectivement bám, lîm et tîm.

mercredi 1 août 2012

Initiation à la grammaire tem Chapitre 3 : Le nom Leçon 6 : Les propriétés du marqueur de genre

Le nom commun tem est composé au minimum d’un radical et d’un affixe. L’affixe représente deux sortes de marqueur : un marqueur de genre et un marqueur de pluriel. Le marqueur de genre présente quatre propriétés : son schème phonématique, son schème accentuel, sa position par rapport au radical et sa sensibilité par rapport au contexte d’insertion.

1. Le schème phonématique

Les quatre marqueurs de genre s’expriment à travers trois schèmes phonématiques : le schème V, le schème CV et le schème C. Les schèmes V et CV sont représentés, chacun, par un marqueur de genre. Le schème C, quant à lui, est représenté par deux marqueurs de genre.

En structure de base, comme le montrent les schèmes de marqueurs, on peut trouver des structures à syllabe finale ouverte (finissant par V) ou à syllabe finale fermée (VC). En structure de surface la langue reformate la structure de base afin de la transformer en structure à syllabes ouvertes exclusivement. Un radical de schème CV par exemple peut accueillir un marqueur de schème C. La structure /CVC/ qui en découle est acceptable comme structure de base. Mais en réalisation de surface, /CVC/ doit devenir [CVCV]. Au stade de la réalisation le schème C du marqueur se voit attribuer une voyelle épenthétique. Les deux marqueurs de schème C sont /ɖ/ et /k/. Au marqueur /ɖ/ il est affecté la voyelle de soutien [ɛ] et au marqueur /k/, la voyelle de soutien [ʋ]. En surface donc, les marqueurs /ɖ/ et /k/ deviennent [ɖɛ] et [kʋ], respectivement. Les voyelles [ɛ] et [ʋ] sont des soutiens apportées à la forme suffixée. En position de préfixe la voyelle de soutien est unique pour les deux marqueurs ; elle est [ɩ]. Donc en préfixe et en surface /ɖ/ et /k/ deviennent [ɖɩ] et [kɩ], respectivement.

Les quatre marqueurs sont donc, schème V : /ʋ/ du genre humain, schème CV : /ka/ du genre menu, schème C : /ɖ/ du genre dérivé et /k/ du genre neutre. Ces deux derniers ont une forme de surface différente de celle de base : ils sont réalisés [ɖɩ] et [kɩ] en position de préfixe et [ɖɛ] et [kʋ] en position de suffixe.

2. Le schème accentuel

Le corps du marqueur n’est pas fait que de schème phonématique. Celui-ci est associé à un accent. Le marqueur est la seule unité morphologique à être dotée d’accent. C’est donc lui qui apporte l’accent au nom commun où il est présent.

L’accent se manifeste sous quatre formes : la syllabe accentuée peut durer plus longtemps, peut être plus intense, elle peut avoir un niveau mélodique plus élevé, sa voyelle gagne en clarté de timbre. Chaque langue accentuelle valorise seulement une de ces formes de manifestation, les autres formes restant en latence. Le tem a choisi de valoriser la forme mélodique de l’accent. Aussi la syllabe accentuée tem a-t-elle le niveau mélodique d’un ton haut dans une langue à deux tons, le haut et le bas. Du coup, dans un mot où une syllabe accentuée cohabite avec une autre non accentuée, le niveau de celle-ci, par contraste, ressemble fort à celui d’une syllabe à ton bas d’une langue à deux tons.

L’accent a deux positions au choix par rapport au schème phonématique : soit il est fixé sur le schème du marqueur (il est alors représenté par H place à droite du schème phonématique du marqueur), soit il flotte, mais du côté du radical, donc à gauche puisque le marqueur ne peut être doté d’accent que s’il est en position de suffixe (il est alors représenté par H à gauche du schème phonématique du marqueur). Les marqueurs se présentent donc soit /ʋH/, /kaH/, /ɖH/ et /kH/, soit /Hʋ/, / Hka/, /Hɖ/ et /Hk/. Le positionnement de l’accent par rapport au schème phonématique du marqueur n’est pas prévisible. Mais quand il adopte une position face à un radical nominal, elle reste invariable.

3. La position par rapport au radical

Dans une langue à genres, le marqueur de genre est intimement associé au radical. Dans les langues à genres Niger-Congo il est soit exclusivement préfixé (cas des langues bantu) ou exclusivement suffixé (cas des langues ouest-atlantiques). En Gur la suffixation est la règle et le tem, langue Gurunsi, n’y déroge pas. Le marqueur de genre tem est donc un suffixe, exclusivement.

Le radical du nom commun peut être d’origine substantival ou verbal. Quand il est substantival, la position réglementaire est celle de suffixe. Soit Rad pour radical et x pour marqueur de genre. Avec un radical de substantif on aura la forme /Rad-x/. Mais quand il est d’une origine verbale, le marqueur de genre a tendance à l’embrasser pour confirmer sa prise par des marqueurs de substantif. Pour cela x se dédouble en x et x’ et prend le radical en accolade, ce qui donne la forme /x’-Rad-x/ au déverbal.

Les cas les plus fréquents d’accolade sont ceux où Rad est, à l’origine, un radical d’infinitif. L’infinitif est fait d’un radical verbal et d’un marqueur d’infinitif, on peut le schématiser en /Rad-z/ où z représente un marqueur d’infinitif. Soit l’infinitif /bɩr-Hɩ/ ‘verser, déverser’ réalisé bɩrίɩ. Pour dériver un substantif à partir du radical verbal /bɩr/, on lui affectera un marqueur de genre (x) à la place de son marqueur d’infinitif (z) et, au besoin, x le prendra en sandwich. Le marqueur de genre de service est /ɖ/. Ce marqueur prend en charge /bɩr/ en l’embrassant ; cela donne /ɖ-bɩr-ɖ/ qui signifie ‘jet de boisson versé par terre à l’intention des ancêtres’. Cette forme de base devient /ɖɩ-bɩr-ɖɛH/ puis se réalise ɖɩbɩɖέ.

4. Le mode d’insertion du marqueur

La suffixation du marqueur se traduit par la mise en contact du radical et du suffixe. Le produit de cette mise en contact tient compte des schèmes phonématiques du radical et du marqueur ainsi que du schème accentuel du marqueur. On examinera successivement le mode d’insertion des marqueurs en commençant par le plus simple, celui de schème V.

4.1. Le marqueur de genre /ʋ/

Si le schème du radical est fermé par C, le marqueur /ʋ/ se présente soit avec son accent fixé sur lui-même (/ʋH/), soit avec l’accent flottant (/Hʋ/). Dans le premier cas on a /yom-ʋH/ ‘esclave’, /nyaw-ʋH/ ‘guib harnaché’, /wol-ʋH/ ‘souris’, /faɖ-ʋH/ ‘cultivateur’, réalisés yoḿ, nyawύ, wolú et faɖύ, respectivement. Dans le second cas on /ʋ-kpam-Hʋ/ ‘chasseur professionnel’, /ʋ-fel-Hʋ/ ‘sorcier’ réalisés respectivement ɩgbám et ivéléu.

Si le schème du radical est ouvert par V, le marqueur se présente avec l’accent fixé sur lui (/ʋH/) ou flottant à sa gauche (/Hʋ/).

Dans le premier cas, les deux voyelles en contact (celle du marqueur et celle du radical) se coalisent selon le principe suivant : la voyelle du radical impose sa propriété ATR tandis que la voyelle du marqueur fournit les propriétés restantes, à savoir Ouv et Ro. C’est le cas dans /bi-ʋH/ ‘enfant’. La voyelle [i] du radical est +ATR, donc la voyelle résultant de la coalescence doit être +ATR. La voyelle [ʋ] est –Ouv et +Ro, donc la voyelle résultante, outre la propriété +ATR, doit avoir les propriétés –Ouv et +Ro. Cette voyelle n’est autre que [u]. C’est pourquoi /bi-ʋH/ se réalise .

Dans le second cas (flottaison de l’accent à gauche), l’accent se fixe sur la voyelle du radical. C’est ainsi qu’on a /yu-Hʋ/ ‘rat’, /tʋ-Hʋ/ ‘abeille’, /na-Hʋ/ ‘bovin’, /fe-Hʋ/ ‘ovin’, /sɔ-Hʋ/ ‘chacal’, réalisés yúu, tύʋ, náʋ, féu, sôʋ (ô pour ɔ accentué), respectivement. Parfois, si la propriété Ouv de la voyelle du radical est différente de celle de /ʋ/, c’est-à-dire si la voyelle du radicale est +Ouv (a, ɔ, ɛ, e, o), la voyelle du marqueur se laisse assimiler. C’est pourquoi on entend fée et sôɔ plus souvent que féu et sôʋ.

4.2. Le marqueur de genre /ɖ/

Le marqueur /ɖ/ se présente avec l’accent fixé sur lui (/ɖH/) ou flottant à gauche (/Hɖ/). Face au radical, quel que soit le schème de celui-ci, le marqueur se présente plus souvent avec un accent flottant.

On trouve rarement un radical de schème CV pour /ɖ/. Parmi les occurrences relevées il y a /wɩ-Hɖ/ ‘jour’ réalisé wίrɛ, /ɖ-ko-ɖɛH/ ‘vestibule’ réalisé ɖugoré et /ɖ-kɛ-ɖɛH/ ‘herbe, sp.’ réalisé ɖɩgɛrέ. Le schème de radical le plus fréquent face au suffixe /ɖ/ est donc CVC.

Le C fermant du radical CVC peut être [r]. Dans ce cas, [r] étant une variante de la consonne /ɖ/, on assiste à une gémination. En tem, une gémination consonantique se réduit, au niveau de la réalisation à une consonne simple (-C1C1- se réalise -C1-). Aussi le complexe /rɖ/ se réduit-il à [ɖ]. C’est le cas dans /yɩr-Hɖ/ ‘nom’, /nyar-Hɖ/ ‘aulacode’, /tar-Hɖ/ ‘palme de raphia’ réalisés respectivement yίɖɛ, nyέɖɛ, tέɖɛ. C’est le suffixe /a/, substitut de /ɖ/ au pluriel, qui révèle la présence de la fermante [r] ; en effet, au pluriel yίɖɛ devient yɩrá (/yɩr-aH/), nyέɖɛ devient nyará (/nyar-aH/).

Le C fermant du radical CVC peut être [l]. Dans ce cas la consonne du marqueur est assimilée par la fermante du radical. On aboutit à la gémination /ll/ qui se résout en [l]. C’est le cas de /yɩl-Hɖ/ ‘sein’, /fol-Hɖ/ ‘nerf’, /kal-Hɖ/ ‘dent’, /yal-Hɖ/ ‘œuf’ réalisés respectivement yίlɛ, fóle, kéle et yέlɛ. Ici aussi, c’est la forme de pluriel qui révèle la consonne fermante : yɩlá ‘seins’, folá ‘nerfs’, kalá ‘dents’ et yalá ‘œufs’.

Le C fermant du radical CVC peut être [n]. Dans ce cas [n] se transforme en propriété nasale au profit de la voyelle du radical qu’elle suit immédiatement. Pour des raisons de commodité à la place d’une voyelle portant un tilde, on écrira cette voyelle suivie de n. Citons l’exemple de /tɔn-Hɖ/ ‘peau’, /sɔwɔn-Hɖ/ ‘haricot’, /ɖ-kɛwɛn-Hɖ/ ‘haricot vert’ réalisés respectivement tônɖɛ, sɔônɖɛ et ɖɩgɛέnɖɛ. La forme du pluriel restitue la consonne fermante : tɔná ‘peaux’, sɔɔnέ ‘haricots’ et agɛɛnέ ‘haricots verts’.

Si le C fermant du radical CVC est [m], il se maintient seul ou avec le soutien d’une copie de la voyelle voisine. Sans soutien vocalique on a /kom-Hɖ/ ‘fromager’, /tom-Hɖ/ ‘bouton de peau’ et /kawam-Hɖ/ ‘courge’ réalisés koḿre, toḿɖe et kaa ḿrɛ respectivement. La forme de pluriel offre à [m] l’occasion de se réaliser avec le soutien d’une voyelle : komá, tomá et kaamέ dans l’ordre. Quand il y a un soutien vocalique, il est fourni par une copie de la voyelle du suffixe ; c’est le cas de /tɩm-Hɖ/ ‘travail’ qui devient /tɩ-mɛ-Hɖɛ/ avant de se réaliser tɩmέrɛ, de même que /kɩm-Hɖ/ ‘prêt, emprunt’ qui devient /kɩ-mɛ-Hɖɛ/ avant de se réaliser kɩmέrɛ. Au pluriel on a tɩmέ (prononciation de /tɩm-aH/) ‘travaux’ et kɩmέ(prononciation de /kɩm-aH/) ‘prêts, emprunts’.

Le C fermant du radical CVC peut être [w]. Dans ce cas trois possibilités se présentent : soit [w] se maintient sans soutien vocalique, soit [w] fait appel à une voyelle de soutien, soit [w] reste muet. Le cas où [w] reste audible sans soutien vocale est représenté par /sɔw-Hɖ/ ‘piquant’ et /sɔw-Hɖ/ ‘mortier’ réalisés respectivement sɔẃɖɛ et sɔẃrɛ. Quand, pour se rendre audible, [w] fait appel à une voyelle de soutien, sa porosité est telle que c’est la voyelle du radical qui lui fournit sa copie au lieu de celle du suffixe ; ainsi le radical /CVw/ devient /CV1wV1/. Embrassée par la même voyelle, [w] perd sa propriété d’obstacle et tombe. De /CV1wV1/ on aboutit à CV1V1 dont la séquence V1V1 se comporte comme un noyau syllabique unique. Aussi, l’accent flottant qui devait se fixer sur [w] se fixe-t-elle sur chaque élément de la séquence V1V1. C’est le cas de /ɖ-fow-Hɖ/ ‘pigeon’ transformé en /ɖ-fowo-Hɖ/ avant de se réaliser ɖuvóóre (pl. avówa) ou de /ɖ-bow-ɖH/ ‘entrave pour homme (esclave, fou)’ transformé en /ɖ-bowo-ɖH/ avant de se réaliser ɖubooré. Enfin, troisième éventualité, [w] peut se rendre muette. Seule la réalisation forte de /ɖ/ malgré la contiguïté de la voyelle du radical atteste de sa présence. La plupart des infinitifs de schème CVm comme sốm ‘piquer’, tím ‘descendre’, cέm ‘couper’ proposent à leur racine CV un élargissant [w] en vue d’une dérivation déverbale ; ainsi de sốm on tire le radical /sɔw/ attesté dans sɔẃɖɛ ‘piquant’ évoqué ci-dessus. A l’instar de sốm/sɔw, on aura tím/tiw, cέm/cɛw. Dans certains CVw, [w] se rend audible avec ou sans soutien vocalique (cas de sɔẃɖɛ et de ɖuvóóre), mais dans d’autres [w] reste muette : c’est le cas de /ɖ-cɛw-ɖ/ ‘bouchée de pâte’ réalisé ɖɩjɛɖɛ (pl. ajʋwa réalisation de *ajɛwa).

4.3. Le marqueur de genre /ka/

Le suffixe /ka/ se présente avec l’accent fixé sur lui (/kaH/) ou flottant du côté du radical (/ Hka/). Ce que devient le suffixe dépend du schème qui lui propose le radical.

Si le schème du radical finit par V, au contact de ce V, la consonne /k/ du suffixe s’affaiblit en perdant sa propriété d’obstacle. D’occlusive /k/ devient constrictif. Cette constrictive est [y] si V du radical est l’un des timbres suivants : i, ɩ, ʋ, u, ɛ, e et si le marqueur de genre /ka/ embrasse le radical. Exemples : /ka-ti-Hka/ ‘ficus, sp.’ se réalise kedíya, /ka-cɔɔrɩ-ka/ ‘coup de main’ se réalise kɔjɔɔrɩya, /ka-a-lʋrʋ-ka/ ‘femme stérile’ se réalise kaalʋrʋya, /ka-wulu-Hka/ ‘you-you’ se réalise kowulúya, /ka-sɛɛ-ka/ ‘bonus’ se réalise kɛzɛɛya. La constrictive est [w] si V est u et si le radical n’est pas embrassé. Exemple : /bu-kaH/ ‘cours d’eau’ se réalise buwá. La constrictive est encore [w] si V du radical est l’un des timbres suivants : a, ɔ. Exemples : /fa-Hka/ ‘chien’ se réalise fáa dans le parler assoli et fôɔ dans le parler caawʋjɔ, /fɔ-kaH/ ‘champ’ se réalise fɔô.

Si le schème du radical est CVC, la consonne fermante reçoit le soutien d’une copie de la voyelle du marqueur. Ainsi /CVC-ka/ devient /CV-Ca-ka/. Dans ces conditions, la consonne du marqueur perd sa propriété d’obstacle et tombe : /CV-Ca-ka/ se réalise [CVCaa] en assoli ou [CVCɔɔ] en caawʋjɔ actuel. C’est ainsi qu’on a /kol-kaH/ ‘hameçon’ réalisé kolɔô, /fen-ká/ ‘lune’ réalisé fenɔô, /fɔɖ-ká/ ‘herbe rampante, sp.’ réalisé fɔɖɔô et /tɩn-ká/ ‘bassin du corps humain’ réalisé tɩnɔô.

Si le schème du radical est CVn et que le marqueur fixe lui-même son accent la nasale fermante et la consonne du suffixe ont des destins différents comme on l’a vu avec fenɔô et tɩnɔô. Mais si le marqueur ne fixe pas son accent il paraît plus faible et donc plus vulnérable. Dans ces conditions, on assiste plus souvent à une coalescence entre les deux consonnes : /nk/ se réalise alors [ŋ]. Voilà pourquoi /ban-Hka/ ‘cou’ se réalise báŋa, /lon-Hka/ ‘tambour d’aisselle’ se réalise lóŋa, /ka-tɔn-Hka/ ‘rire’ se réalise kɔdôŋa. Toutefois on relève quelques cas de coalescence bien que le marqueur fixe son accent : /ka-lon-kaH/ ‘mur’ réalisé koloŋá, /ka-tan-ká/ ‘gifle’ réalisé kadaŋá.

Si la consonne fermante du CVC du radical est [w], c’est de la voyelle du radical qu’elle reçoit une copie pour son soutien, de sorte que /CV1w/ se transforme en /CV1wV1/. Pris en sandwich par le même timbre vocalique [w] tombe et /CV1wV1/ devient /CV1V1/. C’est dans cet état que le radical se présente devant /ka/. Dans ce contexte la réalisation la réalisation affaiblie de la consonne suffixe /k/ est [y] de préférence celle attendue, [w] si la voyelle radicale est -Ouv (i ɩ ʋ u). C’est ainsi que /cuu-ka/ ‘pluie fine’ se réalise cuuya, /lii-ká/ ‘francolin’ se réalise liiyá.

Fermante, la consonne [w] peut choisir d’être muette. Elle sert alors de bouclier à la consonne du suffixe contre l’influence affaiblissante de la voyelle radicale, ce qui lui permet de se réaliser forte ([k]). C’est de cette façon qu’on a /ka-fɔw-kaH/ ‘champignon’ réalisé kɔvɔká, /ka-tiw-ka/ ‘descente’ réalisé kedika, /ka-cɩw-ka/ ‘taquinerie amoureuse’ réalisé kajɩka. Mais [w] n’est pas la seule consonne fermante à se faire muette. Il y en a qui, grâce à l’origine du radical, sont identifiables. C’est le cas de /ka-bir-Hka/ ‘singe noir, sp.’ réalisé kebika, dont le radical /bir/ vient de l’infinitif biríi ‘devenir noir’. Mais toutes les consonnes muettes ne sont pas identifiables. C’est le cas avec yíka ‘calebasse’ dont la forme de base est /yiC-Hka/, keliká ‘billon’ dont la forme de base est /ka-liC-kaH/, où C représente la consonne fermante non-identifiée.

Avec le substantif de qualification /i-kaH/ ‘petitesse’, la consonne du suffixe se réalise soit [y] soit [k]. Quand /i-kaH/ s’associe à un radical nominal pour constituer avec lui un composé de qualification, il peut avoir affaire à un radical de schème ouvert (CV) ou fermé (CVC). Avec un schème ouvert comme /bi/ ‘enfant’ dans /bi-i-kaH/ ‘tout petit enfant’, la consonne /k/ est affaibli ; il devrait se réaliser alors [w] mais la propriété de palatal du timbre [i] le transforme en une semi-voyelle palatale, d’où la réalisation biiyá de /bi-i-kaH/. Mais avec un schème radical fermé le radical du qualifiant, /i/, disparaît après avoir imposé sa propriété +ATR à la voyelle du radical. Du coup, /k/ se trouve face à une consonne fermante. C’est pourquoi le radical /nʋw/ ‘main’ devient /niw/ puis [nii] dans /nʋw-i-kaH/ ‘doigt’ qui se réalise niiká. parfois le contexte palatal est si fort que /k/ est obligé de se réaliser [y]. C’est le cas dans /faHw-i-kaH/ ‘chiot’ qui devient /feHy-kaH/ avant de se réaliser féyyá ainsi que dans /baHw-i-kaH/ ‘jeune palmier’ réalisé béyyá. Le contact direct entre /k/ du suffixe et une consonne nasale fermante du radical aurait dû conduire à une coalescence qui transformerait Nk en [ŋ]. Mais la consonne suffixale se maintient, probablement grâce à l’accent que porte sa syllabe. C’est ainsi qu’avec le radical /sɔm/ ‘viande’, on a /sɔm-i-kaH/ ‘morceau de viande’ qui se réalise soŋká et qu’avec /ɖɛn/ ‘bâton, bois’, on a /ɖɛn-i-Hka/ ‘brindille’ réalisé ɖeńka.

4.4. Le marqueur de genre /k/

Le marqueur /k/ se présente avec l’accent fixé sur lui (/kH/) ou flottant à gauche (/Hk/). En position de suffixe, /k/ bénéficie de la voyelle de soutien [ʋ] ; il devient donc [kû] (à partir de ce paragraphe û représente ʋ accentué) ou [ ́kʋ]. Ce que devient le suffixe dépend du schème qui lui présente le radical.

Si le schème du radical finit par V, la consonne du marqueur s’affaiblit au contact de cette voyelle et devient [w] : /lo-kH/ ‘gorge’ se réalise lowú ou loẃ, /k-ca-Hk/ ‘entre-deux billons’ se réalise kɩjáwʋ ou kɩjáw, /k-na-kH/ ‘pouvoir divinatoire’ se réalise kɩnawû ou kɩnaẃ. Mais si V radical est de timbre [ʋ] ou [u] comme la voyelle de soutien de la consonne suffixale, alors [w], pris entre deux timbres identiques, tombe : /bʋ-Hk/ ‘montagne’ se réalise bûʋ, /su-Hk/ ‘pintade’ se réalise súu.

Si le schème du radical est CVC, la consonne fermante reçoit en soutien une copie de la voyelle du marqueur [kʋ]. Ainsi /CVC-k/ devient /CV-Cʋ-kʋ/. Dans ces conditions, la consonne suffixale perd sa propriété d’obstacle et tombe : /CV-Cʋ-kʋ/ se réalise [CVCʋʋ]. C’est ainsi qu’on a /tɔn-kH/ ‘corps’ réalisé tɔnʋû, /kel-Hk/ ‘aile’ réalisé kelúu, /fɔɖ-kH/ ‘herbe rampante, sp.’ réalisé fɔɖʋû et /tɩm-Hk/ ‘calebassier’ réalisé tɩmûʋ.

Si la consonne fermante du CVC du radical est [w], c’est la voyelle du radical qui lui offre, par copie, la voyelle de soutien ; ainsi /CV1w/ se transforme en /CV1wV1/. Pris en sandwich par le même timbre vocalique [w] tombe et /CV1wV1/ devient /CV1V1/. Le contexte vocalique dans lequel s’installe le suffixe affaiblit sa consonne qui devient [w]. C’est ainsi qu’on a /bɔw-kH/ ‘trou’ qui devient /bɔwɔ-kH/ avant sa réalisation en bɔɔwû ou bɔɔẃ, /baw- Hk/ ‘palmier à huile’ qui devient /bawa-Hk/ avant la réalisation bááwʋ ou bááw, /tɩw-kH/ ‘arbre’ qui devient /tɩwɩ-kH/ avant sa réalisation tɩɩwû ou tɩɩẃ.

Si la consonne fermante du CVC du radical est [m], elle se coalise avec la consonne suivante : la séquence -Nk- devient alors -ŋ-. Avec [ŋ], la voyelle finale -Ouv (ʋ, ɩ, i, u) disparaît : ainsi /CVNkʋ/ devient /CVŋʋ/ puis [CVŋ]. Le phénomène est attesté dans /ɖam-kH/ ‘case’ qui devient /ɖa-ŋû/ avant de se réaliser ɖań (ń pour ŋ accentué) ; il est attesté également dans /k-sam-kH/ ‘arbre, sp.’ qui devient /kɩ-sa-ŋû/ avant de se réaliser kɩzań, dans /k-tɔm-kH/ ‘maladie’ qui devient /kʋ-tɔ-ŋû/ pour finir par kʋdɔń.