vendredi 25 mai 2012

Initiation à la grammaire tem Chapitre 1 : les voyelles Leçon 2 : les propriétés articulatoires


Un son ne peut être émis sans l’air. Pour produire une voyelle, l’homme a donc besoin de l’air. Cet air vient de ses poumons. Ce sont donc les poumons qui fournissent la matière première du produit fini qu’est la voyelle.

Cette matière première subit une première transformation au niveau d’une usine qui s’appelle la glotte. La glotte est cette ouverture que font les deux cordes vocales situées dans le larynx, lui-même placé  au niveau de la pomme d’Adam. La glotte transforme l’air en voix. La voix est une sorte de bourdonnement. Pour être transformée en voyelle (petit de la voix), la voix doit subir des transformations dans trois autres usines qui sont la cavité pharyngale, la cavité buccale et la cavité labiale. Ces trois cavités fonctionnent comme des résonateurs ou des amplificateurs ou encore des baffles.

La cavité pharyngale se trouve entre la paroi pharyngale (là où on se racle la gorge) et la racine de la langue, juste au-dessus de la glotte. Elle est chargée de présenter un format large ou un format étroit au passage de la voix. La paroi pharyngale est fixe. La racine de la langue, elle, est mobile. C’est donc elle qui doit bouger pour l’obtention du format exigé. Son mouvement est horizontal, d’avant en arrière et vice-versa. Quand la racine se déplace vers l’avant, la cavité devient large, quand elle se déplace vers l’arrière, la cavité devient étroite. Le mouvement de la racine est reconnu dans l’expression anglaise « advanced tongue root », en abrégé ATR. Pour distinguer les formats de la cavité, on désigne le format large par +ATR et le format étroit par –ATR. Quand la voix entre dans la cavité pharyngale en format large, elle acquiert à la sortie la propriété +ATR ; quand elle y entre en format étroit, elle en sort avec la propriété –ATR.

La cavité buccale se trouve dans la bouche. Elle est comprise entre le palais (mâchoire supérieure) et le dos de la langue. Elle aussi doit présenter un format à la voix dès sa sortie de la cavité pharyngale : le format est ouvert ou un format fermé. Le palais étant fixe, c’est le dos de la langue qui doit se mouvoir verticalement pour ouvrir ou fermer la cavité. Quand le dos de la langue s’abaisse en s’éloignant du palais, la cavité buccale est ouverte ; quand elle remonte en s’approchant de près du palais, la cavité est fermée. La voix qui entre dans la cavité buccale ouverte en ressort avec la propriété « plus ouvert » symbolisée par +Ouv. Celle qui entre dans la cavité buccale fermée en ressort avec la propriété  « moins ouvert »  symbolisée par –Ouv.

La cavité labiale se réalise avec les deux lèvres. Les lèvres adoptent deux positions : allongées ou, de préférence, arrondies (comme pour siffler) ou étirées (comme pour sourire). Arrondie, la cavité labiale offre à la voix qui y entre la propriété « plus arrondi » à la sortie. Cette propriété est symbolisée par +Ro. Etirée, la cavité labiale offre à la voix qui y entre la propriété « moins arrondi » à la sortie. Cette propriété est symbolisée par –Ro.

A la sortie des trois cavités, la voix devient une voyelle avec son timbre propre, qui la rend différente des autres voyelles.

Le tem a neuf timbres, donc neuf voyelles. Chaque voyelle a son timbre spécifique. Ce timbre s’entend à l’oreille mais il est aussi appréhendé par ses propriétés articulatoires. Le tableau ci-dessous montre les propriétés de chacune des neuf voyelles :

a
=
+Ouv
-ATR
-Ro
ɛ
=
+Ouv
-ATR
-Ro
ɔ
=
+Ouv
-ATR
+Ro
e
=
+Ouv
+ATR
-Ro
o
=
+Ouv
+ATR
+Ro
ɩ
=
-Ouv
-ATR
-Ro
ʋ
=
-Ouv
-ATR
+Ro
i
=
-Ouv
+ATR
-Ro
u
=
-Ouv
+ATR
+Ro

Remarques

1/ Pour la réalisation du timbre [a], les lèves sont en position de repos, c’est-à-dire ni arrondies ni étirées. Le timbre [a] se passe donc de la résonance de la cavité labiale. Pourtant, dans les situations où chaque timbre doit faire valoir sa propriété labiale, [a] fait comme s’il était –Ro. Il s’agit donc d’un –Ro de circonstance et non d’un –Ro de nature.

2/ Tous les +Ouv ne se valent pas. Quand le dos de la langue s’abaisse, cela oblige la racine de la langue à se mouvoir d’une façon ou d’une autre. Elle a deux attitudes possibles : elle peut se laisser aller ou résister. Quand la racine de la langue ne résiste pas, le degré d’ouverture +Ouv atteint son maximum ; quand elle résiste, le degré d’ouverture +Ouv est plus faible. Quand le dos de la langue s’abaisse pour le timbre [a], la racine de la langue ne résiste pas ; en revanche quand le dos de la langue s’abaisse pour le timbre [ɛ], la racine résiste. C’est pourquoi le +Ouv de [a] est plus ‘ouvert’ que le +Ouv de [ɛ].

En conséquence des deux remarques, les voyelles /a/ et /ɛ/, malgré l’apparence, n’ont pas des propriétés identiques.

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